7 octobre 2024
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100 patates !

lundi 25 juillet 2016

Un nouveau Pitroux et Calci-érien à la fois entre dans le club très fermé des pilotes ayant effectué un vol dépassant les 100 km.
En effet, c’est après s’être élancé depuis notre base de treuil dévidoir à Jarzay que Damien ira se poser quelques 105 km plus loin.

Les 100 patates de Damien
Ce jour-là, il termine très loin devant l’ensemble des pilotes français ayant pu déclarer des distances (le deuxième ayant réalisé 53 km). Ce n’est évidemment pas un hasard si sur les 13 vols déclarés du jour, 4 pilotes sont partis de notre treuil.

Le récit de son vol :

« Après une journée de Vendredi pluvieuse, les modèles météo indiquent une instabilité intéressante dès 11h00 du matin avec une dérive de 20 Km/h en Ouest et des plafonds qui pourraient atteindre les 1700m. Enfin une belle journée, car l’aérologie ne nous a pas gâté cette année. J’ai en tête de redoubler mon 100 Km de Septembre dernier, vol qui a d’abord été validé avant d’être invalidé 3 jours plus tard … pour cause de pénétration bien involontaire dans la TMA de la Rochelle (certaines cartes aérienne de la FFVL devraient être revues) !

Aussi, cette fois-là, j’ai bien préparé mon vol. Les instruments et le téléphone sont chargés avec batterie d’appoint ; je n’oublie pas ma pancarte « retour parapente », mais surtout j’ai vérifié les zones aériennes contrôlées sur le site xcplanner.appspot.comm en fonction du parcours prévisionnel : il va falloir éviter la TMA 134.1 au Nord de l’aéroport de Poitiers, puis éviter le parc Naturel de la Brenne … si jamais j’arrive jusque-là.

Notre météorologue fétiche, Laurent Soleil, nous a confirmé une bonne journée avec un asséchement progressif et une aérologie qui devrait s’organiser vers 15/16h.

Une petite équipe composée de Manu, Vincent, Alain, Yannick et moi-même se met en place dès 11h00 ; malgré un ciel très chargé et tout en nuances de gris, les premiers treuillés annoncent la couleur, ça va fumer ! Yannick fait un premier vol et se maintient en vol 20 mn. Puis tous les pilotes s’extraient avec plus ou moins de réussite. Je suis à la commande du treuil depuis 11h00. Manu se propose de me remplacer ce que j’accepte avec plaisir. Hé oui, bien que nos champions locaux ne nous aient pas encore rejoins, je suis affuté comme une lame. L’aérologie est plutôt favorable : le vent s’est calmé au déco et de jolis nuages noirs se sont formés sur le parcours du treuil.

Premier essai infructueux car le câble rompt moins de 30 sec après le déco. Réparation expresse de Manu et on repart.

Face voile, voile sur la tête, contrôle de la voile, je me retourne. Des rafales capricieuses me font dériver sur la droite. Je contrôle ma voile. Le treuilleur, qui maîtrise son sujet, me permet de prendre aussitôt de l’altitude.

Je largue tout au bout de la treuillée, après que le voiture se soit arrêtée. Presque immédiatement, je chope un petit thermique. Pas bien violent. Je comprends qu’il va falloir s’armer de patience. Toutefois, la dérive me fait avancer. J’arrive au sud de Mirebeau avec une altitude sol de 340m après 30 mn à batailler dans du tout petit. Il faut urgemment trouver le thermique sinon ce sera une déclaration de 15 petits kilomètres. J’oblique vers la ville qui devrait être salutaire. Ca zérote… puis ça monte. Je prospecte et patiemment, je monte, je monte, je monte jusqu’au premier plaf de la journée, à 1480m !

Le ciel est maintenant plus facile à lire. Les dérives me poussent naturellement vers l’ouest, mais le ciel est mieux éclairé vers le Nord. Il faudra sans cesse choisir entre un ciel voilé vers le sud et un ciel plus éclairé au nord, mais avec des nuages qui s’alignent bien mieux au sud.

La dérive ouest est agrémentée d’une composante sud qui me fera éviter la TMA de Poitiers. J’ai le champ libre sur les zonées contrôlées pour un bon moment. Puis les Km défilent, j’approche de Châtellerault sans trop de difficulté avec une dérive qui a augmentée sensiblement pour atteindre 22 Km/h. Mais comme j’aime voler vite, j’ai quand même l’impression de me traîner. Je prends un thermique sur l’escadron de Gendarmerie de Châtellerault (dixit Fred qui se reconnaîtra) pour atteindre un nouveau plaf à 1670m.

Le ciel s’est plutôt arrangé, mais totalement voilé au sud et éclairé au nord. Le plaf du jour à 1750m, comme annoncé, sera atteint non loin du Grand Pressigny.

Damien au plaf à 1750m
Pas trop de difficulté pour atteindre les abords de Chatillon-Sur-Indre malgré de fortes turbulences et une dérive qui ne cesse d’augmenter pour atteindre les 36 Km/h. Puis le Vario se met à dégueuler à -2,5m/s sans interruption.

J’analyse tout l’environnement en espérant le lire correctement et trouver une nouvelle ascendance : nuages (bon), forêts (pas bon), rivières (pas bon), tracteurs (bon), haies (bon)… Hélas, rien ne donne et mon altitude ne cesse de décroitre, jusqu’à atteindre un point bas à 175m / sol. Vraiment trop bête, je vais sans doute devoir me poser… à 8 km de ce que je suis venu chercher : les 100 patates.

Au tout dernier moment, je chope un thermique très turbulent en sortie de la ville. Je m’accroche et me dis que si j’arrive à grimper à 850m, c’est gagné. Le thermique est généreux mais vraiment teigneux. A ce moment je vole depuis 2h30 et me met à penser que je pourrais doubler la mise, compte tenu du ciel qui est devenu très favorable. Hélas, je dois me résoudre à la sagesse, le vent est vraiment trop fort pour voler en sécurité. Les instruments montreront que j’ai atteint une vitesse max de 83 Km/h.

Ayant pris la décision de me poser je traverse quelques thermiques que je laisse de côté. Mon objectif principal atteint, j’ai maintenant deux priorités :

Poser en toute sécurité
Atterrir près d’une route suffisamment passagère
Je me fais carrément reculer par le vent quand je me pose à proximité de la D11, près d’un village au nom improbable : « le Gardon Frit ».

Je prends mon temps, je savoure l’instant « j’ai fait les 100 patates !« . J’appelle Yannick avec qui j’ai covoituré le matin, il est ok pour venir me chercher. Mais finalement, c’est ma femme Marylise qui me récupèrera après que j’ai rejoint en stop Chatillon-sur-Indre. »

La voile enfin posée après avoir crossé plus de 100 km